Introduction
Les récentes manifestations qui ont secoué le Panama ne se résument pas simplement à un litige contractuel permettant à une entreprise canadienne d'étendre ses opérations minières de cuivre dans le pays. Au cœur du débat se trouve une question plus vaste : quel type de pays le Panama, ce petit isthme d'Amérique centrale, aspire-t-il à devenir ? La préservation de ses richesses naturelles ou leur développement intensif ?
Contexte Historique et Actuel
L'origine du Panama, séparé de la Colombie en 1903 par Theodore Roosevelt pour faciliter le contrôle du canal par les États-Unis, soulève une question fondamentale en 2023. Faut-il continuer à céder ses avantages naturels à des investisseurs étrangers, surtout lorsqu'il s'agit d'une nation dont l'existence est étroitement liée à l'exploitation par les États-Unis ?
Les Controverses Autour du Contrat
Le contrat en question, signé avec la société canadienne First Quantum Minerals, suscite des critiques majeures. Les manifestations ont été marquées par la tragédie, avec au moins quatre décès signalés. Les opposants estiment que le contrat, négocié sans le consentement public, accorde à First Quantum le droit d'exploiter le cuivre sur une étendue de 32 000 acres pour au moins 20 ans.
Les Arguments en Faveur de l'Exploitation Minière
D'un autre côté, les partisans soutiennent que l'accord générera des milliers d'emplois et rapportera au moins 375 millions de dollars par an au gouvernement panaméen. Roberto Cuevas, ingénieur minier et président de la Chambre minière du Panama, affirme que cette ressource peut apporter d'énormes avantages au pays s'elle est bien exploitée, offrant une solution à un problème majeur : l'abondance de ressources minérales sans les investissem*nts nécessaires pour créer des emplois.
La Constitution et les Contestations
Les manifestants s'opposent en citant la constitution panaméenne, qui déclare que tous les gisem*nts minéraux appartiennent à l'État et ne peuvent être extraits que par concession. Le contrat avec First Quantum, négocié en secret, contredit cette disposition constitutionnelle, alimentant ainsi la colère des opposants.
La Position du Président Cortizo
Le président Laurentino Cortizo, dont le gouvernement a négocié le contrat, défend l'accord en présentant des chiffres impressionnants. Il décrit la mine de Cobre Panama comme le plus gros investissem*nt privé de l'histoire du pays, contribuant significativement au PIB et créant des milliers d'emplois.
Contestations et Impact sur la Société
Les manifestations, les fermetures de routes, les actes de vandalisme et les affrontements avec la police ont transformé le paysage social du Panama. Des centaines de personnes ont été détenues, les écoles ont été suspendues, et des événements nationaux ont été reportés.
Les Défis du Président Cortizo
Cortizo, confronté à la contestation publique, a souligné la nécessité de maintenir les emplois et l'économie. Il a également signé un moratoire sur de nouvelles concessions minières, mais cela n'a pas suffi à apaiser les manifestants.
Perspectives Juridiques et Politiques
Le contrat de First Quantum est actuellement devant la Cour suprême, qui pourrait statuer sur sa constitutionnalité dans le mois à venir. Si le contrat est jugé inconstitutionnel, la société se retrouvera sans accord, ouvrant potentiellement la voie à des complications juridiques internationales.
Conclusion
En somme, les manifestations actuelles au Panama ne se résolvent pas simplement par des débats sur un contrat minier. Elles reflètent une lutte plus profonde pour définir l'identité future du Panama : un pays qui exploite intensivement ses ressources naturelles au profit de l'économie ou qui les préserve au nom de la nature. L'issue de cette querelle aura des répercussions durables sur la nation et pourrait redéfinir son chemin vers le développement.
